Programme de Gestion Intégrée des Risques Climatiques en Afrique (GIRCA) :

Renforcer la résilience des petits agriculteurs aux impacts du changement climatique dans 7 pays sahéliens de la Grande Muraille Verte (GMV)

Justification

  1. À cheval sur le Sahara et le Sahel, la Mauritanie est un vaste pays de 1 030 700 km2 qui se trouve dans les phases avancées d'un processus de désertification touchant près de 75 % de son territoire. Son profil écologique est donc celui d'une extrême vulnérabilité aux aléas climatiques. Cette vulnérabilité est notamment due aux épisodes de sécheresses endémiques qui sévissent depuis le début des années 1970 et à une alternance marquée entre une courte saison des pluies et une longue saison sèche (de huit à dix mois). La diminution des précipitations a entraîné plusieurs conséquences néfastes sur le plan écologique, économique, social et même culturel. La réduction drastique de la végétation alimente le processus de désertification et a entraîné une forte réduction de la production animale et agricole. Elle a également déclenché un processus de paupérisation des communautés rurales.
  2. Les communautés anciennement nomades se sont sédentarisées dans les zones qu'elles considéraient comme les plus favorables (zones humides) ou ont participé à un exode rural massif vers les principaux centres urbains (Nouakchott et Nouadhibou, respectivement capitales administrative et économique du pays). L'environnement non-mobile et urbain a également connu des problèmes croissants liés à diverses formes de pollution. La qualité de l'eau potable et le manque d'assainissement sont devenus une préoccupation majeure de santé publique. De même, la qualité de l'air dans les grandes villes est dégradée par les quantités croissantes de gaz d'échappement des véhicules, d'autant plus polluants que la plupart des véhicules sont très anciens et fonctionnent avec des carburants de mauvaise qualité (IRM, 2004).
  3. Pour relever les défis, les risques et la vulnérabilité que le changement climatique fait peser sur les petites exploitations agricoles de manière plus globale et intégrée, le Fonds international de développement agricole (FIDA), en partenariat avec la Banque africaine de développement (BAD) et le Programme alimentaire mondial (PAM), propose le "Programme de gestion intégrée des risques climatiques en Afrique (GIRCA/AICRM) : renforcer la résilience des petits exploitants agricoles face aux impacts du changement climatique dans 7 pays sahéliens de la Grande Muraille Verte (GMV)", à savoir : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Gambie et Tchad.
  4. Ce programme vise à compléter les interventions actuelles ou futures du FIDA et de la BAD dans la région, notamment le programme régional SD3C pour le Sahel sur le renforcement de la résilience. Le FIDA et ses partenaires, la BAD et le PAM, ont une longue expérience du renforcement de la résilience climatique des petites exploitations agricoles de la région. Le FIDA investit dans la région du Sahel depuis 40 ans et soutient actuellement 15 projets d'investissement portant sur l'adaptation, la foresterie, l'utilisation des terres et l'accès à l'énergie pour les chaînes de valeur de l'agroforesterie et les chaînes de valeur de l'élevage dans la région. Et dans le cas actuel, Le don du FVC est demandé pour couvrir une partie du coût supplémentaire du renforcement de la résilience du portefeuille du FIDA dans les sept PMA africains susmentionnés, afin de compléter les actions du FIDA en matière de climat et les efforts de la BAD et de l'ARC pour concevoir une audacieuse gestion intégrée des risques climatiques (I-CLIMA) qui pourrait être utilisée pour lutter contre le changement climatique dans toute la région

Objectif global

Le programme GIRCA/AICRM interviendra à la Mauritanie sur une période de 6 ans (2023-2029). Son objectif global est d'accroître la résilience et d'améliorer les moyens de subsistance et la sécurité alimentaire et hydrique des 47 500 ménages – des bénéficiaires directs- par une gestion intégrée des risques climatiques liés aux ressources naturelles (eau, sol, écosystèmes). Il vise également à permette la Mauritanie d'adopter des voies de développement agricole à faibles émissions et résilientes au changement climatique en promouvant, améliorant et renforçant les mesures de gestion des risques dans l'agriculture tout en fournissant diverses mesures d'adaptation et d’atténuation dans le domaine de l'agriculture, Plus précisément, le programme contribue aux résultats suivants : - Réduction des émissions dues à l'utilisation non durable des terres, à la déforestation et à la dégradation des forêts par l'adoption de pratiques et de techniques de gestion et de conservation durables des forêts afin d'accroître les stocks de carbone des forêts. - Réduction des émissions grâce à l'amélioration de l'accès aux énergies à faibles émissions et à la production d'électricité. - Renforcement de la résilience et amélioration des moyens de subsistance des personnes, des communautés et des régions les plus vulnérables - Résilience accrue de la santé, du bien-être et de la sécurité alimentaire et hydrique - Renforcement de la résilience des infrastructures et de l'environnement face au changement climatique - Amélioration de la résilience des écosystèmes et des services écosystémiques Renforcement des systèmes institutionnels et réglementaires pour une planification et un développement adapté au changement climatique.

Zones d’intervention

Le Programme interviendra en Mauritanie dans les Wilayas du Brakna, du Gorgol, de l'Assaba, du Hodh El Gharbi, et du Hodh Chargui.
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Groupes cibles et bénéficiaires

Les groupes cibles sont : (i) les petits producteurs engagés dans les chaînes de valeur des cultures de base (millet, maïs, sorgho et arachides), de l'élevage (produits laitiers et bovins, ovins et caprins, poulet) et des produits forestiers non ligneux (foresterie) caractérisés par une production de subsistance et la taille réduite des terres agricoles et du capital d'élevage ; ii) les petits exploitants ruraux qui sont des personnes extrêmement vulnérables au changement climatique et à la variabilité du climat ; iii) les communautés rurales marginalisées, notamment les personnes vivant avec un handicap, les personnes âgées, les veufs et veuves et les personnes déplacées, et iv) les jeunes (éduqués ou non), les femmes chefs de famille, qui sont tous caractérisés par une faiblesse ou un manque prononcé de capital de production (agricole et d'élevage) et un manque d'opportunités économiques et d'emplois.

Composantes du projet

Le Projet contient les composantes ci-après: :

Composante 1. Préparation aux risques climatiques :
Cette composante soutiendra l'expansion et la mise à niveau des systèmes d'alerte précoce existants et des réseaux d'observation hydrométrique, ainsi que le renforcement des capacités pour améliorer la collecte, l'interprétation, la compréhension et la diffusion des données climatiques. Les données alimenteront les programmes d'action fondés sur les prévisions, notamment ceux visant à développer le secteur des micro- et macro-assurances (modèles climatiques et produits/services d'assurance agricole), mais aussi la sélection des pratiques/technologies d'adaptation et des mesures d'atténuation les plus appropriées (foresterie et utilisation des terres, accès aux énergies renouvelables) pour répondre à la variabilité du climat (calendrier des cultures, meilleur moment pour la commercialisation et la transformation; choix des pratiques agricoles, des variétés et des technologies résistantes au climat les plus appropriées); et la prise de décision, la planification et les investissements du secteur privé, du gouvernement (local et national) et des communautés rurales locales et des petits exploitants agricoles.

Composante 2. Réduction des risques climatiques (adaptation et atténuation) :
Cette composante vise à renforcer la capacité d'adaptation au changement climatique et à stimuler les investissements résilients au climat et à faible émission dans les chaînes de valeur et les systèmes alimentaires des petits exploitants agricoles par une meilleure adoption et mise en œuvre des meilleures pratiques d’adaptation et d'atténuation du climat dans la foresterie, l'utilisation des terres et l’accès aux énergies renouvelables et les solutions et la diversification des moyens de subsistance. Cet objectif sera atteint en renforçant la capacité de préparation aux risques des pays (composante 1) à l'aide d'une action précoce basée sur les prévisions (FbA) et de transferts de risques climatiques (composante 3) qui fournissent un financement basé sur les prévisions, qui soutiendra à son tour l'adoption et la mise en œuvre des meilleures mesures d'adaptation et d'atténuation par pays et par zone ciblée.

Composante 3. Transfert des risques climatiques (mécanisme de transfert des risques micro et souverains) :
Cette composante aidera les pays et les petits exploitants agricoles à faire face aux risques multiples (sécheresses, vagues de chaleur, inondations, maladies, criquets et autres ravageurs) pour les chaînes de valeur de l'agriculture et de l'élevage. Dans le cadre de cette composante, les risques résiduels du changement climatique sur les petits exploitants agricoles seront transférés vers les marchés d'assurance nationaux et internationaux avec une compensation opportune pour les chocs météorologiques et les risques multiples, afin d'empêcher les agriculteurs de recourir à des stratégies d’adaptation négatives (vente d'animaux et de biens, migration, concurrence pour les ressources et conflits) en cas de catastrophes climatiques. Des informations hydrométéorologiques améliorées et des procédures opérationnelles standard reliant les informations hydrométriques à une réponse d'adaptation précoce (planification des calendriers culturaux, choix des mesures d'adaptation et d'atténuation) soutiendront les décisions d'investissement du secteur public, du secteur privé (assureurs et réassureurs, institutions de microfinance, banques) et des entreprises sur les services et produits de transfert des risques climatiques pour améliorer les profils de risques climatiques des pays. Des informations fiables et solides sur le climat soutiendront en fin de compte la politique et la planification agricoles, la programmation des investissements et la planification de la résilience aux niveaux national et local.